Un 25 avril pour une nouvelle société résistante

Luciana Castellina, Il Manifesto, 19 aprile 2020 

« Vi ricordate di quel 25 aprile del 1994, tutti ancora paralizzati dallo shock per la vittoria elettorale di Silvio Berlusconi e per primo a reagire fu proprio il manifesto lanciando il messaggio: tutti in piazza a Milano a celebrare la Resistenza e la Liberazione.

Plutôt que célébrer la libération il vaudrait mieux continuer à la faire…

A quell’appello rispose una quantità di gente, sotto una pioggia senza precedenti a marciare per le vie della capitale del CLN si ritrovò una folla straripante e inattesa, una manifestazione senza precedenti. Bene: non voglio certo paragonare il Cavaliere al coronavirus, per carità, ci mancherebbe! Io poi sono politically correct!!

Ho richiamato quel lontano evento di 26 anni fa solo per ricordare che questa nostra incredibile Resistenza è diventata sempre più per tantissimi di noi italiani una leva della mobilitazione civile, collettiva, l’ispiratrice di un sussulto militante.

E di questo abbiamo bisogno ora. […] »

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Vous souvenez-vous du 25 avril 1994 quand, encore paralysés par le choc de la victoire électorale de Silvio Berlusconi, le journal Il Manifesto avait réagi le premier en lançant le message : allez ! Tout le monde dans les rues de Milan pour célébrer la Résistance et la Libération ? 

Un grand nombre de personnes avait répondu à cet appel, sous une pluie sans précédent, marchant dans les rues de la capitale du CLN (Comité de Libération Nationale), une foule débordante et inattendue dans une manifestation elle aussi sans précédent. Eh bien : je ne veux certainement pas comparer le Cavaliere (NdR Berlusconi) au coronavirus, pour l’amour du ciel, je n’oserais jamais ! En plus je suis politiquement correcte !! 

J’ai fait référence à cet événement lointain d’il y a 26 ans, juste pour rappeler que pour de nombreux Italiens cette incroyable résistance qui est la nôtre est devenue de plus en plus un levier de mobilisation civile et collective, l’inspiration d’un sursaut militant. 

C’est de ceci dont nous avons besoin maintenant. 
 
Bien sûr, même les partisans les plus héroïques ne pourraient pas vaincre le « corona ». Pour ce faire, nous avons besoin de la science et, pour ne citer qu’une de ses dimensions les plus importantes, de la santé publique. 

Et pourtant, je pense qu’il est clair pour tout le monde, en ces jours de réflexion à laquelle le confinement nous oblige, qu’en tout cas notre monde ne sera plus jamais le même. 

Le virus nous a rendu conscient.e.s de manière radicale que la façon dont nous avons vécu doit changer, malgré la paix relative dont l’Occident  a profité. 

Néanmoins, ce changement ne dépendra pas des étoiles, mais de nous, de ce que nous ferons. A cet effet, une indication nous vient encore une fois du 25 avril, bien que le contexte soit si différent et l’ennemi à battre d’une toute autre nature. 

L’aspect le plus extraordinaire de la Résistance ne relevait pas en fait de la seule action militaire : même sans vouloir réduire la valeur de ce combat en armes inégal, il y a eu une mobilisation beaucoup plus large. 
 
Celle qui donna vie  à une « société résistente»  ,  pour reprendre la définition de Roberto Battaglia, historien et commandant de la brigade Garibaldi dans la Lunigiana. 

Parce qu’aux cotés des hommes et des femmes armés il y eut beaucoup d’hommes et de femmes qui n’empoignèrent pas la  mitrailleuse  mais qui en ces deux terribles années  se mirent à construire une force encore plus importante, une organisation civile solidaire, l’embryon de la société démocratique et égalitaire que nous aurions aimé. 

Il y a à peine quelques mois, je n’aurais jamais pensé que nous pourrions faire revivre une telle expérience de nos jours, je suis un peu optimiste malgré la prise de conscience que les prochains scénarios pourraient être terribles.  

Ces dernières semaines,  après des décennies d’individualisme triste et étroit,  nous avons assisté à une redécouverte importante : que chacun de nous n’existe qu’en tant qu’être social, faisant partie d’une communauté dont il dépend entièrement. 
 
Don Milani a écrit : «  Aborder les problèmes seuls est de l’avarice, les affronter tous ensemble est de la politique  ». 

Et la politique est le « public », c’est-à-dire quelque chose que chacun.e de nous a le droit, mais aussi le devoir, de gérer : un « bien commun » élargi, dont nous devons (et qui nous oblige à en) prendre soin, et qui est différent de l’État (parfois dangereux). C’est un fait qu’il ne faut pas oublier, car il est essentiel pour comprendre quelle société nous voulons, un programme qui ne soit pas le retour à la société d’avant, mais qui a pour tâche d’échafauder ce que les combattants de l’époque avaient dans leur cœur et qu’ils avaient commencé à esquisser dans le vide étatique, en pratiquant la solidarité et en considérant  essentiel  le bien commun. 
 
Le site désormais ouvert sur internet – 25aprile2020.it – nous  invite à nous retrouver tout.e.s dans la rue, cette fois virtuelle, à 11 heures le 25 avril, pour fêter ensemble  la journée de Libération antifasciste  et nous espérons être un million. 
 
C’est un appel également signé par nous de Il Manifesto [NdR : l’appel a été publié hier dans L’ora d’aria], avec de nombreuses personnes se retrouvant aujourd’hui, peut-être pour la première fois, autour d’une initiative politique commune: anciens partisans, artistes, showmen, professeurs, prêtres, leaders des réseaux solidaires… Carla Nespolo, présidente de l’ANPI (Association Nationale Partisans Italiens) parlera sur une plateforme numérique qui nous permettra à tout.e.s de suivre la cérémonie. 

C’est un sursaut de subjectivité, la prémisse d’un engagement à construire aujourd’hui une « nouvelle société résistante », celle dont nous avons besoin pour empêcher que cette pandémie tourne au pire, un engagement pour revisiter de manière critique le monde d’hier et pour en bâtir un nouveau qui ait les traits de celui que nous avions espéré lors de la Résistance d’il y a 75 ans. 

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